Devenir maître d’apprentissage : les conditions et obligations pour accompagner un alternant
Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur le rôle, les conditions et les obligations légales inhérentes au maître d’apprentissage ou tuteur dans une entreprise.
Résumé synthétique de l’article
- Un maître d’apprentissage est celui qui accompagne un ou plusieurs apprentis, alternants ou stagiaires dans une entreprise.
- Sa mission est définie par le Code du travail (articles L.6223-5 à L.6223-8-1) : tout apprenti doit avoir un maître d’apprentissage désigné et déclaré lors de la signature du contrat.
- Un maître d’apprentissage (ou tuteur) doit remplir certaines conditions pour être éligible : être majeur, volontaire, moralement apte, et justifier d’une expérience professionnelle d’au moins 2 ans ou d’un diplôme équivalent au métier préparé par l’apprenti.
- Devenir maître d’apprentissage (ou tuteur) permet à un salarié de valoriser ses compétences et de développer son sens de la pédagogie.
- Une entreprise qui dispose d’un ou plusieurs maîtres d’apprentissage facilite l’intégration et la réussite de ses alternants.
- Une formation à la fonction tutorale, comme la formation MATU proposée par IFCDis, permet de répondre aux exigences pédagogiques et légales du rôle.
Qu’est-ce qu’un maître d’apprentissage (ou tuteur) ?
Le maître d’apprentissage, parfois appelé tuteur, est la personne responsable de l’accompagnement d’un apprenti, d’un alternant ou d’un stagiaire au sein d’une entreprise.
Il assure le lien entre le centre de formation (ex : IFCDis) et le milieu professionnel, tout en veillant à la transmission des savoir-faire et savoir-être liés au métier.
En pratique, le maître d’apprentissage :
- Accueille et intègre l’apprenant dans l’entreprise,
- Planifie son parcours de montée en compétences,
- Transmet ses connaissances,
- Évalue régulièrement sa progression.
Le maître d’apprentissage (ou tuteur d’apprentissage) est donc un véritable formateur interne, garant de la réussite du parcours de l’apprenti.
Pourquoi devenir maître d’apprentissage / tuteur ?
Devenir maître d’apprentissage, c’est bien plus qu’une obligation légale :
c’est un acte de transmission, l’illustration de valeurs humaines fortes, et une opportunité de développement professionnel.
Il existe au moins 4 avantages évidents au fait de devenir maître d’apprentissage ou tuteur en tant que salarié :
- Valoriser ses compétences et son expérience.
- Développer des compétences en communication, évaluation et pédagogie.
- Obtenir une certification reconnue (cf. formation MATU).
- Accéder à des primes ou aides spécifiques selon le secteur et l’OPCO.
Il existe autant d’avantages pour une entreprise de proposer à ses collaborateurs de devenir maître d’apprentissage (ou tuteur) :
- Faciliter l’intégration et la réussite des alternants.
- Professionnaliser l’accompagnement interne.
- Bénéficier de financements OPCO pour la formation et la fonction tutorale.
- Favoriser la transmission des compétences clés et limiter le turn-over.
Chiffres clés : l’apprentissage et le tutorat d’apprenant en France
| Indicateur | Données clés (2025) |
| Nombre d’apprentis en France (2024) | 1 042 543, selon le Ministère du travail |
| Taux d’insertion après apprentissage (2024 | Entre 60 et 65% dans les 6 mois, selon l’INSEE |
| Part des entreprises de moins de 11 salariés signant un contrat d’alternance | ~69%, sur les secteurs d’activité associés à l’OPCO EP |
| Âge moyen des apprentis en France (2024) | 20,5 ans, selon la DREETS |
Le saviez-vous ? Un maître d’apprentissage forme en moyenne 1 à 2 apprentis par an. Son rôle est reconnu par le Code du travail (articles L.6223-5 à L.6223-8), et peut ouvrir droit à des primes et financements selon les secteurs : découvrir les aides possibles pour les maîtres d’apprentissage
Quelles conditions pour devenir maître d’apprentissage / tuteur ?
Le Code du travail encadre les conditions à remplir pour devenir maître d’apprentissage. Si certaines varient légèrement selon les secteurs d’activité, les principes généraux sont les mêmes pour toutes et tous :
Expérience professionnelle exigée
Un maître d’apprentissage doit justifier d’au moins 2 ans d’expérience dans le métier préparé par l’apprenti. Ces 2 ans d’expérience peuvent être ramenés à 1 an pour les diplômés d’un niveau équivalent ou supérieur à celui de l’apprenti.
Capacité d’encadrement
Le maître d’apprentissage doit disposer du temps nécessaire pour accompagner l’apprenti. D’ailleurs, il ne peut pas encadrer plus de 2 apprentis simultanément, sauf exception, notamment en cas de redoublement d’un apprenti.
Compétences pédagogiques
Un maître d’apprentissage (ou tuteur) doit être capable de former, guider et évaluer son apprenti tout au long de son apprentissage. Dans certains cas de figure, le maître d’apprentissage devra forcément avoir suivi une formation à la fonction tutorale, comme la formation MATU proposée par l’IFCDis.
Bon à savoir : il existe une formation tutorale dédiée (MATU) qui permet de satisfaire les exigences pédagogiques fixées par la plupart des OPCO en matière de maître d’apprentissage :
Les missions du maître d’apprentissage au quotidien
Être maître d’apprentissage, c’est un rôle à la fois technique, humain et pédagogique. Voici ces principales missions quotidiennes :
Accueillir et intégrer l’apprenti
- Préparer son arrivée, présenter l’équipe et les outils, puis définir les règles de travail.
- Créer un climat de confiance, propice à l’apprentissage.
Organiser et planifier la formation pratique
- Définir les objectifs d’apprentissage et le rythme de l’alternance.
- Se coordonner avec le centre de formation pour aligner la théorie et la pratique.
Accompagner et évaluer la progression
- Observer, conseiller, ajuster et corriger de manière bienveillante.
- Participer aux bilans d’étape avec l’école ou le centre de formation.
Favoriser l’autonomie et la professionnalisation
- Transmettre quotidiennement la culture et les valeurs de l’entreprise.
- Donner toutes les clés à l’apprenti pour devenir un collaborateur compétent.
Références légales : code du travail et obligations
Le cadre juridique qui encadre la fonction de maître d’apprentissage (ou tuteur) est clairement posé par le Code du travail, notamment dans la Section 3 “Maître d’apprentissage” (articles L.6223 -5 à L.6223-8-1)
Voici les principales dispositions à connaître :
Les articles clés du Code du travail
- Article L. 6223-5 : « La personne directement responsable de la formation de l’apprenti et assumant la fonction de tuteur est dénommée maître d’apprentissage. Le maître d’apprentissage a pour mission de contribuer à l’acquisition par l’apprenti dans l’entreprise des compétences correspondant à la qualification recherchée et au titre ou diplôme préparés, en liaison avec le centre de formation d’apprentis. »
- Articles L. 6223-6 à L. 6223-8-1 : ils précisent, notamment, les conditions de compétence et de moralité du maître d’apprentissage, la limitation du nombre d’apprentis par maître, et la nécessité pour l’entreprise de dégager du temps pour l’accompagnement.
- Article R. 6223-22 : « Le maître d’apprentissage mentionné à l’article L. 6223-5 doit être majeur et offrir toutes garanties de moralité. »
- Article R. 6223-10 : Pour les entreprises d’accueil multiples, ce texte rappelle que chaque entreprise doit désigner un maître d’apprentissage et que l’apprenti est pris en compte dans le calcul du nombre maximal d’apprentis par maître.
Les obligations qui découlent de ces articles
- Désignation obligatoire : l’entreprise qui conclut un contrat d’apprentissage doit désigner un maître d’apprentissage, salarié ou employeur, qui assume la fonction de tuteur.
- Mission pédagogique et technique : le maître d’apprentissage doit contribuer à l’acquisition des compétences visées par le contrat d’apprentissage, en liaison avec le centre de formation.
- Conditions de compétence et moralité : le maître doit être majeur, volontaire, offrir des garanties de moralité, et remplir des critères de qualification professionnelle (expérience, diplôme, selon la branche d’activité).
- Encadrement et suivi : l’employeur doit s’assurer que le maître dispose du temps et des moyens nécessaires pour suivre l’apprenti, et qu’il relationne avec le CFA / organisme de formation.
- Limitation du nombre d’apprentis : un maître d’apprentissage ne peut, en principe, encadrer plus de deux apprentis simultanément (hors redoublement).
Mise en pratique pour l’entreprise
- Lors de l’enregistrement du contrat d’apprentissage, l’entreprise doit indiquer le nom, prénom et date de naissance du maître d’apprentissage dans le dossier.
- Si le maître d’apprentissage change en cours de contrat, un avenant au contrat d’apprentissage doit être signé pour formaliser ce changement, conformément aux dispositions légales.
- Le non-respect de ces obligations peut entraîner des sanctions, notamment la remise en cause de l’enregistrement du contrat, la perte d’aides financières ou l’obligation de se conformer via l’inspection du travail.
FAQ : tout savoir sur les obligations liées maître d’apprentissage / tuteur
Peut devenir maître d’apprentissage tout salarié ou employeur majeur, volontaire et offrant des garanties de moralité (article R. 6223-22 du Code du travail).
Il doit en outre justifier d’une expérience professionnelle suffisante ou d’un diplôme au moins équivalent à celui préparé par l’apprenti.
Certaines branches peuvent imposer des exigences complémentaires (ancienneté, fonction encadrante, etc.)
Le Code du travail ne rend pas la formation obligatoire dans tous les cas, mais certains OPCO ou conventions collectives l’exigent avant ou pendant la prise de fonction.
La formation à la fonction tutorale (type MATU) permet d’acquérir les compétences pédagogiques attendues et de satisfaire aux obligations fixées par les opérateurs de compétences.
C’est aussi un moyen concret de valoriser son rôle de tuteur dans l’entreprise.
Le nombre maximal d’apprentis est fixé à deux simultanément, avec une possibilité d’en accueillir un troisième en cas de redoublement (article R. 6223-10 du Code du travail).
L’objectif est de garantir un encadrement de qualité et un suivi individualisé.
L’entreprise doit déclarer l’identité du maître d’apprentissage (nom, prénom, date de naissance) lors de l’enregistrement du contrat d’apprentissage auprès de l’OPCO ou de l’autorité compétente.
Ce formalisme garantit la conformité du contrat et conditionne l’accès à certaines aides financières.
En cas de changement de maître d’apprentissage, un avenant au contrat est obligatoire.
Les deux fonctions sont proches, mais leur cadre juridique diffère :
Le maître d’apprentissage encadre un contrat d’apprentissage (réglementé par les articles L. 6223-5 et suivants du Code du travail).
Le tuteur accompagne un contrat de professionnalisation ou un stagiaire (articles L. 6325-1 et suivants).
Leur mission est similaire, mais les textes, les financements et les obligations varient selon le type de contrat.
Oui, certaines conventions collectives et la fonction publique prévoient des primes ou bonifications spécifiques (réduction de temps de travail, NBI – Nouvelle Bonification Indiciaire, reconnaissance managériale, etc.)
Ces avantages varient selon les secteurs et sont souvent conditionnés au respect des obligations légales (formation, encadrement, déclaration)